Macron pourrait-il utiliser votre épargne pour financer la Défense ?

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By Estelle

Les Français s’inquiètent de voir leur épargne utilisée pour financer l’effort militaire. Face à une situation géopolitique tendue, notamment en raison de la guerre en Ukraine et du changement de cap des États-Unis sous Donald Trump, Emmanuel Macron envisage de nouvelles stratégies pour renforcer les capacités de défense de la France. Parmi ces options, l’idée de mobiliser l’épargne des Français suscite des interrogations et soulève des questions juridiques et politiques.

Le contexte géopolitique derrière cette stratégie

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a adopté une position radicale concernant le soutien à l’Ukraine. Alors que Joe Biden avait débloqué près de 65,9 milliards de dollars d’aide militaire entre 2022 et 2025, Trump a imposé des conditions strictes, exigeant des concessions territoriales sans garanties de sécurité. Cette rupture diplomatique met une pression accrue sur l’Europe, qui doit désormais envisager de renforcer son autonomie militaire.

Emmanuel Macron considère la Russie comme une menace directe et insiste sur la nécessité de renforcer les capacités de défense de la France. Mais face à un déficit public déjà élevé, le gouvernement cherche à éviter une hausse des impôts. C’est dans ce contexte qu’est apparue l’idée de mobiliser l’épargne des ménages français pour financer cet effort.

Concrètement, le gouvernement cherche à combler le manque de financement en créant un nouveau produit d’épargne dédié à la défense. Ce dispositif s’inspirerait du Livret A, qui finance le logement social, en offrant une rémunération fixe et une sécurité pour les épargnants. L’objectif est de mobiliser une partie des 5 800 milliards d’euros d’épargne détenus par les Français.

Macron peut-il vraiment toucher à votre épargne ?

L’idée de mobiliser directement l’épargne des Français pour financer la défense soulève des questions juridiques majeures. Selon Philippe Crevel, président du Cercle de l’Épargne, l’État ne peut pas puiser dans l’épargne privée sans l’accord des épargnants. La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen protège le droit de propriété, précisant qu’aucun citoyen ne peut être privé de ses biens sans son consentement.

Pour contourner cet obstacle, le gouvernement envisage de lancer un nouveau produit d’épargne dédié au financement de la défense. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a confirmé cette piste en évoquant une solution basée sur le modèle du Livret A ou du LDDS. Ce produit d’épargne permettrait aux Français de contribuer volontairement à la modernisation des infrastructures militaires tout en bénéficiant d’un rendement sécurisé.

Si ce projet voit le jour, le gouvernement devra proposer un taux compétitif pour séduire les épargnants. Actuellement, le Livret A affiche un taux de 2,4 %, tandis que le Livret d’Épargne Populaire (LEP) atteint 3,5 %. Le futur « Livret Défense » devra donc offrir une rentabilité suffisante pour concurrencer ces placements traditionnels.

Les défis liés aux nouvelles habitudes d’épargne

Convaincre les Français de placer leur argent dans un produit dédié à la défense pourrait s’avérer compliqué. De nombreux épargnants sont aujourd’hui sensibles aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), ce qui pousse certaines banques à éviter les investissements liés à l’industrie militaire.

Pour réussir, le gouvernement devra non seulement offrir un rendement attractif, mais aussi rassurer les épargnants quant à l’utilisation des fonds. Il s’agira de prouver que cet investissement sert réellement à renforcer la sécurité nationale, sans risque pour l’épargne des ménages.

Si le projet se concrétise, il pourrait devenir un levier majeur pour financer la Défense tout en valorisant l’épargne des Français. Reste à savoir si les ménages accepteront d’investir dans un produit directement lié aux enjeux militaires du pays.