Les retraités affiliés à l’Agirc-Arrco devront sans doute revoir leurs attentes à la baisse. La prochaine revalorisation Agirc-Arrco, prévue en novembre, s’annonce modeste malgré une inflation sous contrôle. Si le mécanisme d’ajustement automatique est maintenu, l’augmentation prévue ne suffira pas à compenser la perte de pouvoir d’achat accumulée ces dernières années.
Chaque année, les pensions complémentaires Agirc-Arrco sont ajustées selon une formule indexée sur l’inflation. Depuis l’accord signé en octobre 2023, la méthode reste inchangée jusqu’en 2026. L’indice de référence utilisé est celui des prix à la consommation hors tabac, fourni par l’Insee.
Un correctif négatif de 0,4 % est ensuite appliqué à ce taux. Ce mécanisme vise à garantir la stabilité financière du régime tout en suivant de près l’évolution économique. Il reflète la volonté des partenaires sociaux de privilégier la prudence budgétaire.
Pour l’année 2025, les prévisions de la Banque de France annoncent une inflation d’environ 1,3 %. Ce chiffre impliquerait une hausse limitée à 0,9 % des pensions complémentaires, sous réserve de validation à l’automne.
Quelle marge réelle pour la revalorisation Agirc-Arrco ?
Le régime Agirc-Arrco dispose d’une marge de manœuvre de ±0,4 % autour de la formule standard. En pratique, cela signifie que le conseil d’administration peut ajuster le taux à la hausse ou à la baisse, selon la santé financière du régime.
Ce levier a déjà été utilisé l’an dernier. En 2024, le taux théorique de 1,8 % avait été abaissé à 1,6 %, démontrant que la flexibilité est bien réelle. Pour novembre 2025, le taux définitif pourrait donc se situer entre 0,5 % et 1,3 %, même si la moyenne anticipée reste autour de 0,9 %.
Cette revalorisation, bien que nécessaire, restera insuffisante pour compenser les effets cumulatifs de l’inflation sur les revenus des retraités. L’évolution des prix, même modérée, continue d’éroder lentement leur pouvoir d’achat.
Une annonce attendue pour l’automne
Le taux définitif de revalorisation Agirc-Arrco sera annoncé à l’issue de la réunion du conseil d’administration prévue à l’automne. Le montant mis à jour apparaîtra dès le paiement du 3 novembre, conformément au calendrier habituel.
Cette revalorisation viendra s’ajouter à celle de la pension de base, généralement actée en janvier. Toutefois, ces deux hausses combinées ne suffisent pas à restaurer le niveau de vie des retraités impactés par les hausses successives de l’énergie et de l’alimentation.
Le rendez-vous d’automne reste donc crucial pour des millions de Français, en attente d’une décision qui pourrait affecter durablement leur équilibre budgétaire. L’enjeu dépasse le simple ajustement technique : il s’agit de répondre à une exigence de justice sociale.
Agirc-Arrco : Un équilibre fragile entre rigueur et solidarité
La mécanique d’ajustement automatique donne une certaine prévisibilité, mais la marge de modulation introduite par les partenaires sociaux permet des arbitrages plus politiques. Le choix final incarnera l’équilibre recherché entre stabilité financière et soutien aux retraités.
Dans un climat économique plus calme mais toujours incertain, l’évolution des pensions demeure un sujet sensible. Les syndicats et les représentants patronaux devront trancher entre deux impératifs parfois contradictoires : rigueur comptable et réponse sociale.
Pour les retraités, cette décision sera l’un des marqueurs de la solidarité nationale. Face à une érosion du pouvoir d’achat lente mais persistante, même une hausse limitée reste perçue comme un signal fort – ou au contraire, comme un désengagement silencieux.
